CARL ♣ the music is all around us (terminée)

DREAM YOUR LIFE

Au rythme de ses doigts s'appuyant sur les touches, il s'évadait. La musique résonnait comme quelque chose d'important pour lui; au rythme de son piano, il écrivait son histoire. Et pourtant, toutes les notes qu'il assemblait, ces musiques qu'il composait...il ne les entendait que très peu, et c'était là toute la magie de cette union. La musique et lui ne faisaient qu'un, il ne savait trop comment, il avait un don. Pour lui, la musique était partout autour des gens, mais on ne pouvait la déceler que si on prenait le temps de l'écouter, comme ces gens qui venaient ici, l'écouter. Carl était malentendant, et ce depuis sa naissance. Ca avait engendré pas mal de soucis, mais au final, il préférait appartenir à ce monde de silence, qu'à ce monde terrifiant, grondant chaque jour. Oh bien évidemment qu'il le connaissait. Il possédait comme bon nombre de malentendants ses sonotones, ces petits appareils capables d'amplifier le son qu'il ne pouvait entendre. Mais il s'en servait rarement. Le pianiste avait pris l'habitude à se tapir dans ce silence qui le passionnait, où chaque son gardait une mélodie puisqu'il était quasi-inaudible. On lui avait proposé de se faire opérer pour pouvoir entendre comme tout le monde, mais il avait refusé, car il avait appris à vivre ainsi, et changer ses habitudes serait plus que perturbant, notamment s'il entendait ce qu'il composait. Il faisait ça au feeling, au léger tintement des notes, sans les entendre réellement. Il ne voulait pas perdre ce plaisir. Et le plaisir de jouer, il transparaissait chaque soir de concert, où assis sur son tabouret, les mains posées sur le piano, il s'exprimait, bien vêtu, se concentrant sur lui-même, oubliant qu'il y avait des gens autour. C'était ça le résumé de sa vie: une grande part de solitude, face à l'incompréhension du monde. Voilà c'était fini. Il venait de terminer d'une note légère, son concert. Il se leva, et regarda la foule qu'il salua, sans pour autant entendre le bruit des applaudissements dont les mains des gens s'entrechoquant, caractérisaient cette petite vibration dans son oreille.

Après chaque concert, il se sentait aussi vide que vidé. Il donnait toujours ce qu'il avait. Il n'était pas forcément fatigué, mais c'était comme si chaque note avait pompé son énergie. Il ne mettait jamais trop de temps à rentrer chez lui, il s'y sentait bien. Autrefois, il partageait son appartement avec la musique, à présent, la musique lui avait permis de le partager avec quelqu'un d'autre; Oksana Pavelevitch, la célèbre danseuse du Bolchoï. N'allez pas croire que je parle là d'une idylle...Ou du moins elle n'était pas partagée. Leur relation n'était que purement amicale, même si Carl ne pourrait nier qu'il voyait en elle bien plus qu'une amie. Cette ex-danseuse voulait renouer avec le succès malgré un terrible accident, et c'était sous un faux nom, après une rencontre assez burlesque, qu'elle lui avait demandé de l'épouser, pour qu'elle puisse rester aux Etats-Unis, et essayer de revenir au plus haut niveau. N'importe quel ami l'aurait fait. Et le jeune Taylor n'échappait pas à la règle. Il était donc marié à une fille dont il était amoureux, mais avec qui il devait se comporter comme un ami. Et pourtant, leur mariage, tout le monde en avait parlé... Le pianiste anglais malentendant et la jeune danseuse russe au destin brisé. Couple si spécial qu'on les avait bien traqués pendant un bout de temps, avant de les laisser tranquille peu à peu, leur ''idylle'' n'ayant rien de croustillant, eux qui jouaient si bien la comédie.

Il ouvrit la porte d'entrée de leur appartement. Comme chaque soir de concert, il demeurait discret et silencieux, ne craignant pas le noir, il allumait rarement les lumières, surtout qu'il était maintenant tard, elle pouvait dormir, ça ne servait à rien de l'éveiller. Elle avait du préparer son lit de camp au préalable, déposé au sol, puisque Carl était encore gêné à l'idée de dormir avec elle, bien qu'il l'ait déjà fait. Poussant lentement la porte, il ne la trouva pas dans son lit. Etonné, il fit donc demi-tour direction la cuisine. Elle pouvait être sortie...mais aucun mot dans la cuisine. Etrange... Elle demeurait introuvable. Il l'appela, mais n'ayant pas ses appareils auditifs sur les oreilles, il n'entendrait aucune réponse. Ce n'est qu'en passant devant la salle de bains une deuxième fois, qu'il remarqua la lumière sous la porte de la pièce. Il tourna la poignée, avant de découvrir au sol, recroquevillée sur elle même, Oksana, alias Jewel, pleurant toutes les larmes de son corps. Il savait bien pourquoi. Inutile qu'elle le dise. Il s'assit à ses côtés, lui relevant la tête, toujours sans aucun mot, lui séchant ses larmes. Mais ce geste n'eut pas l'effet escompté. Au lieu de s'arrêter de pleurer, elle reprit de plus belle, se jetant dans ses bras, s'exprimant d'une façon peu compréhensible, et d'autant plus pour lui, puisqu'il ne pouvait lire sur les lèvres, car la jeune femme était blottie contre lui. « J'y arriverais jamais... C'est plus pareil...Pourquoi j'y arrive pas? » Pas besoin de tout entendre, il savait ce qu'elle disait. Il la connaissait que trop bien. Qu'il se comporte comme un ami où comme le mari qu'il était censé être, il la laissait pleurer, avant de lui répondre, tentant de la rassurer: « Tu y arriveras Oksana...C'est pas facile, mais faut être patiente. Faut pas être pressée. » Il l'appelait toujours Oksana dans les mauvais moments, Jewel quand elle était enjouée, c'était bizarre. Peut-être qu'il n'aurait jamais du dire ça, car elle se défit légèrement de leur étreinte, lui reprochant: « Tu sais pas ce que ça fait de pas pouvoir faire ce qu'on aime le plus au monde! Et j'ai pas tout mon temps! J'ai 25 ans, je suis pas en début de carrière... Et puis justement, mon âge est une contrainte de plus... » Et elle se remit à pleurer. « Je suis maudite. » dit-elle de façon inaudible. Elle reprit: « Toutes ces filles qui ont du talent, elles sont jeunes, elles sont en bonne santé, et moi je ne suis qu'une marionnette désarticulée... » Il avait beau chercher quelque chose pour la consoler, il ne trouvait pas grand chose. Il la regardait, les armes emplissant ses grands yeux bleus, elle qui était ravissante quand elle souriait. « Tu y arriveras. Elles ont peut-être des avantages, mais elles ont pas ta détermination. C'est dans ton malheur que tu puiseras ta force, ce qu'elles ne pourront avoir, et tu les coifferas au poteau. » Il avait raison, elle avait cette détermination sans faille. Mais parfois, elle se disait que c'était voué à l'échec. Là, dans ses bras, elle le regardait, une question toute simple en tête: « Et si ma cheville venait à lâcher? Je ferais quoi? » Elle marquait un gros point. Que diable pourrait elle faire, si tout venait à s'arrêter brusquement? Car il savait bien qu'elle jouait avec le feu. « On fera en sorte que ça n'arrive pas. » Dit-il simplement, avant de se relever, et de lui tendre la main, qu'elle attrapa, le remerciant. Il était l'heure d'aller dormir. Elle en avait besoin, et lui semblait déjà somnoler un peu. Une fois dans la chambre, il constata qu'elle avait dû pleurer pendant un long moment, puisqu'elle n'avait pas préparé le lit de camp. Et, alors qu'il s'en allait vers le placard pour le sortir, un grondement intense et tonitruant vint effrayer la jeune femme qui cria prise d'une peur incontrôlable, attrapant le bras du jeune Taylor. L'orage. Pas besoin de l'entendre, il avait deviné. Fermant la porte du placard, il attrapa la main de la petite russe pour l'entrainer dans le lit, où elle se blottit contre lui, sans aucune arrière pensée. Ce qu'il y avait de bien avec Carl, c'était qu'elle pouvait compter sur lui dans n'importe quelle situation. L'ami dont elle avait besoin. Difficile pour lui de rester ainsi, mais l'amitié est parfois faite de sacrifices, même si pour rester un ami loyal, on doive parfois sacrifier bien plus.

Ils sont beaux les mariés!
MA OKSIEEEEEEEEE!

Ouais j'suis partant, Hollyvette le strip-tease, et toi les photos à poil!
Bref! J'ai fini ma fiche!

Validé.